smá undur á Blönduosi

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“Nous laissons l’agitation nous éparpiller et altérer notre attention à l’Autre, détruire notre capacité de nous émerveiller devant la beauté du minuscule et le miracle de l’imprévisible”  Hélène Dorion, Recommencements, 2022

Devant la monumentalité du paysage islandais et l’extravagance du ciel, toujours changeant, souvent majestueux et surprenant, j’ai envie de prendre un temps pour me pencher aussi sur le “petit”. J’observe attentivement. Ma marche est lente et empreinte d’une douce conscience du continuum entre les êtres, animés ou non.  Rapidement, une multitude de situations attirent mon regard et, comme par hasard, l’étonnement est au rendez-vous. Ces micro-sites où divers éléments coexistent deviennent un réceptacle où asseoir mon émerveillement et le concentrer: une goutte de rosée sur une feuille, le mouvement d’une fleur dans le vent, une graine de pissenlit tentant de prendre son envol…autant de lieux chargés de poésie dont je me laisse imbiber. Ils portent tout à la fois la force et la fragilité de la vie. 

La graine de pissenlit tente inlassablement de prendre son envol, aussi bien dire d’accomplir sa mission. Elle est cependant retenue par un fil invisible l’empêchant d’évoluer, une embûche sur sa route de petite graine. Mais l’obstacle deviendrait-il une occasion dans le grand jeu de l’existence, une diversion de son destin lui permettant, pour un instant du moins, une danse joyeuse avant la grande envolée essentielle?

Choisir d’interagir avec des éléments de notre environnement qui passent souvent inaperçus rejoint la notion de seuil et de worlding décrite par Kathleen Stewart, telle que citée par Rachel Hann: “an impassive attunement to the ways in which an assemblage of elements comes to hang together; (…) wordings as perceptual scenes, where scenes becoming worlds are singularities of rhythm and attachment.” (Rachel Hann, Beyond Scenographies, 2018)

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“Nous laissons l’agitation nous éparpiller et altérer notre attention à l’Autre, détruire notre capacité de nous émerveiller devant la beauté du minuscule et le miracle de l’imprévisible”  Hélène Dorion, Recommencements, 2022

Faced with the monumentality of the Icelandic landscape and the extravagance of the sky, always changing, often majestic and surprising, I feel like taking some time to think about the “small”. I observe attentively. My walk is slow and filled with a soft awareness of the continuum between beings, animate or not. Rapidly, as if by chance, a multitude of surprising situations attract my attention. I encounter a series of micro-sites where various coexisting elements become a receptacle in which to sit and concentrate my wonderment : a dew drop on a leaf, the movement of a flower in the wind, a dandelion seed trying to take off…as many places full of poetry that I let myself be imbibed with. They carry both the strength and the fragility of life. 

The dandelion seed tries tirelessly to take flight, just as well declaring it wants to accomplish its mission. However, it is held back by an invisible thread preventing it from evolving, an ambush on its seed road. But could the obstacle become an opportunity in the great game of existence, a diversion from destiny allowing it, for a moment at least, a joyful dance before taking the great essential flight?

By choosing to interact with elements of our environment that often go unnoticed, I enjoin the concepts of threshold and worlding described by Kathleen Stewart, as quoted by Rachel Hann: “an impassive attunement to the ways in which an assembly of elements comes to hang together; (…) Wordings as perceptual scenes, where scenes becoming worlds are singularities of rhythm and attachment. ” (Rachel Hann, Beyond Scenographies, 2018)